Quelle libération ?

Le Front de Libération de la Mandoline

Quelle libération ?

Soyons clairs : nous ne faisons table rase de rien. Au contraire.

Son déclassement, sa prétendue désuétude, ses casseroles esthétiques et sociales, son côté modeste, tout, nous prenons tout de la mandoline.

(subalterne, déclassé, désuet et au mieux accessoire décoratif, ça ne vous rappelle pas le patois ? Le folklore ? Tout simplement la culture populaire ?)

Ample était la tâche.

Entre la jeune fille modèle au répertoire genoux serrés et le mandolin hero de world music, il y avait une vaste friche. C’est là que Le Front de Libération de la Mandoline a placé son action.

Il a libéré l’attitude, décoiffé le répertoire et desserré les genoux.

Il a libéré la circulation mandolinière, en harcelant les douaniers de la musique.

Il a libéré le bricolage, le recyclage, le piratage, et le dépaysement en invitant toute l’alter-mandoline dans ses cabanes.

Il a libéré la désinvolture et la dignité, pour contrer la vaine quête de respectabilité académique.

Il a libéré, dans la mémoire populaire, tout le potentiel de sympathie, de nostalgie positive, et tous les clichés…

Car ce qui nous intéresse, c’est justement le lieu commun (dans les deux sens du termes) Chez nous, ça donne un festival gratuit, soupe au pistou et sérénades.

Oui, on va jusque là.

Quelle violence me direz-vous, quelle radicalité ! Certes, mais aujourd’hui, disons-le :

« La mandoline outragée, la mandoline brisée, la mandoline martyrisée, mais la mandoline libérée ! »

Patrick Vaillant